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Souvenirs historiques

Recueillis par Jean-Luc Romet

Au cœur du Perche, au sommet d’un éperon de 225 mètres, dominant une magnifique forêt domaniale de 2400 hectares, aux majestueuses futaies de chênes et de hêtres, Bellême vit depuis le début de notre ère une histoire mouvementée.

 

57 avant Jésus-Christ, passage des Romains

C’est en 57 avant Jésus-Christ que la septième légion romaine commandée par Crassus, lieutenant de César, pénétra dans notre région.

De leur passage et de leur occupation, il reste trois camps, situés en pleine forêt, et une fontaine. Sur cette dernière, on peut lire :

APHRODISIUM (que l’on traduit « Aphrodite »).

Et : DIIS INFERIS VENERI MARTI ET MERCURIO SACRUM.

Cette fontaine dite de « la herse » fut dédiée aux dieux infernaux : Vénus, Mars et Mercure, ainsi qu’en témoignent ces deux inscriptions gravées sur

la pierre que l’on date environ du 1er ou 2ème siècle de notre ère.

Mais aussi non loin du carrefour des sept bras, se cache dans les taillis

une pierre druidique à sacrifices. Elle se présente sous la forme d’une table, fortement inclinée, bordée par une rainure destinée à l’écoulement du sang

des victimes.

Ainsi possède-t-on deux témoignages irréfutables de l’occupation romaine du Perche.

 

943 – Yves de Creil et ses enfants

L’histoire de Bellême restera pauvre jusqu’au 8ème siècle. Là ce furent

les invasions : Francs, Saxons et Normands se succédèrent…

Après la destruction de Corbon, Bellême, dès les 9ème et 10ème siècles, paraît avoir été la capitale et la place la plus redoutable de la province.

Vers 943, Yves de Creil, arbalétrier de la Cour, fait évader le duc de Normandie Richard 1er, encore enfant, que le roi avait séquestré dans le but de dompter les normands révoltés. Il vient alors se réfugier à

Saint-Martin-du-Vieux-Bellême pour échapper à la colère du roi de France.

Pour le récompenser et le dédommager de la perte de son emploi à la Cour,

le duc de Normandie lui donne : le Bellêmois, l’Alençonnais, le pays de Séez et le Saônois, à condition toutefois de protéger ses frontières face au Maine.

Bellême devint donc la sentinelle avancée de la Normandie.

Pour assurer sa défense, Yves remit en état un très ancien château sur l’emplacement d’un lieu appelé Saint-Santin : on peut encore admirer

la crypte de la chapelle. Elle date du 10ème siècle.

Puis la trouvant trop exiguë, il décida d’en construire une autre beaucoup plus importante. Aidé de son fils Guillaume qui avait déjà construit la collégiale Saint-Léonard sur la place du château et qui était le futur constructeur du château de Domfront, il se mit à l’œuvre et réalisa sur un mont voisin une forteresse puissante qui était une véritable merveille d’art militaire.

En effet, on remarque qu’à la base du grenier à sel, des magasins à vivre et à munitions, l’épaisseur de la muraille avoisine 3 mètres. A cette époque, il fut même considéré comme l’un des plus puissants d’Europe.

Avec ses deux enceintes et ses tours, ses douves larges et profondes qui

le ceinturaient, ses fossés relevés fort hauts, ses fortifications extérieures, on

le disait imprenable.

Yves de Creil mourut en 997 après avoir laissé au Perche églises et monuments. Guillaume continua l’œuvre de son père en agrandissant

le Bellêmois et l’Alençonnais.

Très vite, 34 châteaux furent en la main de Bellême. Mais en se battant contre le duc de Normandie Robert le Diable, Guillaume succomba à Alençon après la perte de ses fidèles et d’un de ses fils.

Les autres fils de Guillaume 1er se succédèrent au siège de Bellême, Robert, Yves et Guillaume. Après la mort du premier, Yves deviendra évêque de Séez et fera lui-même construire la cathédrale.

Il ne restait plus que Guillaume à pouvoir prendre la place de son père.

Cet homme que l’on appelait « Talvas », c’est-à-dire « bouclier », trouve dans son surnom exactement l’atmosphère de toute sa vie, une vie de lutte qui passera même par l’assassinat de sa femme en pleine rue.

L’héritier de Guillaume II de Talvas ne pouvait être que l’un de ses enfants et il n’avait qu’une fille Mabile.

Le duc de Normandie, ayant intérêt à ce que les clés de son duché restent dans sa poche, donna en mariage à Mabile Roger de Montgomery, un de ses sujets. Cette Mabile eut pour charge, vers 1066, lors de bruyantes révoltes,

de garder toute la frontière sud de la Normandie. Elle mérita ce surnom :

« Bouclier de la patrie ». Elle était digne fille de Talvas.

Mais ce que de nombreux historiens ont essayé de comprendre et de résoudre, c’est la suite de l’histoire de Mabile, cette fille de Guillaume II, qui empoisonna son beau-frère et plusieurs seigneurs.

Ce fut alors le règne de l’empoisonneuse. Elle-même n’eut pas une bonne fin, car deux de ses officiers, qu’elle avait punis, s’introduire dans son château et lui coupèrent la tête.

Alors, son fils Robert hérita seul du Bellêmois et du comté d’Alençon. On peut remarquer ici qu’un des fils de Mabile serait de la tige des seigneurs anglais de Montgomery, représentés aujourd’hui par le maréchal de Montgomery,

« Monty », libérateur d’Alençon en 1944.

Robert fut d’ailleurs cité comme l’un des meilleurs ingénieurs militaires de son temps. Il reçu même le commandement de l’armée normande.

Mais il finit sa vie dans la folie, rivalisant d’alliances et de trahisons.

 

De 1113 à 1228, Bellême voit passer Henri 1er et Saint-Louis

Le 1er mai 1113, Henri 1er, roi d’Angleterre, qui n’aimait pas voir régner Robert, dont on dit qu’il avait fait tuer deux cents otages, à la tête d’une puissante armée, vient assiéger le château.

Les Bellêmois, commandé par Aymery de Villeray, se défendent avec fureur

et font une sortie qui bousculent les troupes anglaises, mais le roi fait intervenir la cavalerie qui prend les Bellêmois à revers, ne leur permettant plus de rentrer dans la forteresse.

A cause de cette manœuvre, les assiégés furent anéantis et Henri 1er fit incendier la ville.

Un peu plus tard, ce dernier donnera Bellême à son gendre Rotrou qui la fera remettre en état. Le château retrouvera son premier aspect.

Le roi Louis VIII ayant pris possession à la mort du dernier descendant des Rotrou va mourir au cours d’une expédition contre les hérétiques. Le problème de la couronne est alors posé.

Son fils n’ayant que 9 ans, c’est donc Blanche de Castille, mère de l’enfant, qui se verra octroyer la régence. Certains seigneurs, dont Pierre Mauclerc celui de Bellême, se révoltent à l’idée de voir une femme au pouvoir.

C’est donc en l’année 1229 que Saint-Louis et sa mère viennent à leur tour assiéger la ville pour châtier les barons normands révoltés contre le trône.

Ce siège fut terrible, la forteresse eut à souffrir sous les coups des catapultes, les murailles s’écroulèrent sur les occupants, un énorme travail de tranchées ayant été réalisé sous les fondations.

La croix qui s’élève sur la route de Bellême au Mans perpétue le souvenir du siège de Bellême.

La croix actuelle date de 1885, mais elle est érigée là où les Bellêmois plantèrent une croix à la mort de Blanche de Castille et où la reine se tenait juste avant le siège de Bellême.

De 1412 à 1788

De l’occupation des anglais jusqu’à la fin du château

En 1412, encore un siège ! Les partisans du duc de Bourgogne décident de s’emparer du Perche et prennent alors la ville.

Mais, en 1417, l’armée anglaise commence la conquête de la Normandie.

Ayant à leur tête le fameux capitaine comte Warwick, les troupes infligèrent une sévère défaite aux Bellêmois, la cité fut une nouvelle fois délabrée.

Warwick fit restaurer tours et fortifications avec soin, mais fit raser

le château de Saint-Santin de notre premier seigneur, sauf la chapelle.

Les anglais allaient rester 32 ans à Bellême.

Heureusement la ville va être libérée. Le duc Jean d’Alençon accompagné du fils du capitaine de Waintrailles, à la tête de 3000 hommes, vinrent débusquer les anglais.

Après une bataille terrible et sans merci, les anglais furent vaincus, mais la pauvre cité fut fort malmenée.

Pendant les guerres de religion, les ligueurs commandés par le sire de Percheray prirent la ville.

Ils en furent pourchassés en 1590 par Pierre de Fontenay, compagnon d’arme de Henri IV, et ce dernier le nomma pour le récompenser gouverneur de Bellême et du Perche.

Il y avait deux temples dans notre ville et les protestants étaient forts nombreux dans la région.

Des édifices que comptait Bellême en 1620, le château, le donjon et

la collégiale, Bry de la Clergerie dit qu’ils restaient tous en entier.

Malgré de nombreux sièges et de cruels combats, on pouvait encore admirer d’importants vestiges de ces constructions qui furent les témoins de tant d’actions héroïques.

Mais, un jour, le 1er juillet 1788, le duc d’Alençon, comte du Perche, le futur Louis XVIII, voulant probablement assurer sa popularité près des Bellêmois, leur donna le droit pour réparer leurs maisons ou en construire, de prendre

les pierres des fortifications et de Saint-Léonard, sans oublier le donjon,

leur abandonnant même le terrain où ces constructions étaient placées,

à une condition cependant : élever sur la place d’armes une pyramide ayant d’un côté les armes du généreux donateur et de l’autre celle de la France.

Les citadins acceptèrent : de la collégiale, il ne resta plus trace, les murailles furent arrachées pierre par pierre.

Les quelques tours et le donjon eurent tôt fait de disparaître.

Seules les deux grosses tours encadrant la porte du Midi échappèrent à

la pioche.

Les démolitions ne cessèrent qu’en 1824, en même temps que la vie du comte qui cessa la même année.

Bien entendu la pyramide ne fut jamais construite.

Voilà comment finit un château qui avait connu depuis le XIème siècle un si brillant passé de gloire.

1870 contre les prussiens

Le 4 septembre, la 3ème république naît. Les prussiens occupent Chartres

le 25 octobre et La Loupe le 20 novembre.

Inévitablement Bellême va subir l’invasion prussienne.

Le 20 novembre, on cache une vingtaine de blessés et 8000 soldats.

Les prussiens approchent.

Il faut, malgré l’inégalité de la lutte, freiner l’avance ennemie afin de permettre aux mobiles de quitter la ville.

A l’hôtel Morin, 500 soldats réussissent à arrêter 1200 Uhlans et quand ces derniers enfoncent la barricade il est trop tard.

On respire déjà un peu. Le maire, Monsieur Brière, parlemente alors avec le général ennemi et promet que la ville n’opposera aucune résistance en échange de quoi le prussien lui promet que biens et personnes seront respectés.

Mais seuls les Bellêmois garderont leurs paroles et la ville sera pillée.

A peine les occupants sont-ils partis que 15 ou 20000 nouveaux, venant de Nogent-le-Rotrou, envahissent la ville et, ne trouvant plus rien, leurs exigences ne s’en trouvent qu’augmentées.

Il faut retracer ici l’action exemplaire d’une de nos sœurs, sœur Augusta. Redoutant pour les femmes et les jeunes filles, elle en cacha un grand nombre à l’hôpital, les faisant passer pour malades.

En outre, connaissant la langue des occupants, comme interprète, elle devait être d’un grand secours pour la population.

Les prussiens ne demeurèrent que jusqu’au 24 novembre à Bellême, mais pendant ces 3 jours les habitants eurent à subir bien des vexations et

la Municipalité bien des tribulations.

Le 25 novembre les prussiens étaient enfin partis.

Mais ce n’était que partie remise car le 8 janvier 1871, à la suite d’une nouvelle rencontre, les prussiens devaient de nouveau s’établir dans la ville pour une longue durée, en s’emparant de tous les services et en levant

des contributions énormes.

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